PREPARONS LA LUTTE POUR LES RETRAITES ET LA SUITE
DES AUJOURD'HUI
La situation sociale et politique est en train de se tendre à nouveau. Les élections régionales ne
passionnent guère, mais en même temps de nouvelles mobilisations ont commencé à voir le jour, en
particulier dans l’éducation, à Total, et bien sûr autour de la question des retraites. Chacun sent bien
que ces affrontements peuvent avoir un effet d’entrainement pour la population qui n’en peut plus
de supporter les frais de la crise. Mais cela dépend en grande partie de l’orientation qui sera
donnée : aller vers le renforcement et la convergence des luttes, donner des signes tangibles qui
contribuent à renforcer la confiance que peuvent avoir les travailleurs dans leur capacité à changer
les choses par eux-mêmes ; ou au contraire jouer l’éparpillement et la résignation par avance, en
essayant de négocier le moindre mal.
Face aux partis de la gauche institutionnelles et à leurs fausses promesses sur les régions censées
nous protéger des conséquences de la crise et des mauvais coups de la droite et du patronat, face
aux directions syndicales qui pour la plupart préparent déjà leurs capitulations en rase campagne, un
parti comme le nôtre, aussi petit soit-il, a une responsabilité : celle de profiter des derniers jours de
la campagne pour populariser un plan d’action afin de préparer sans attendre les prochaines
échéances dans les luttes.
Notre propos n’est donc pas de revenir sur ce qui a été fait au niveau de la politique électorale du
NPA, le bilan sera fait en temps utile. Il est de souligner à quel point il y a un enjeu immédiat à
donner une perspective claire à notre campagne dans les derniers jours qui restent, en mettant
l’accent sur les objectifs et les revendications susceptibles de mobiliser réellement les classes
populaires et le monde du travail dans les prochaines luttes.
Se saisir des élections pour construire le 23 mars et ses suites
Nous avons voté une motion au dernier CPN ou nous affirmions que "
la question des retraites va
être la question sociale et politique centrale de cette année"... "L'urgence est donc de mobiliser le
plus largement possible contre cette nouvelle contre-réforme"..."C'est une véritable épreuve de
force qu'il faut préparer, un mouvement d'ensemble, une mobilisation générale".
Il apparaît en effet de plus en plus clairement qu'au mois de mars la date déterminante pour de
larges couches de la population ne sera ni le 14 ni le 21 mais bien le 23, et, plus, le 24 et la suite. Ou
plus exactement que le vote des 14 et 21 va être lié aux préoccupations définies par le 23 et après.
Si 50% des électeurs ne pensent pas se déplacer pour les élections régionales, et bien plus dans les
milieux populaires, c'est 65% de la population qui se déclare prêt à agir pour la défense des
retraites. Et bien plus dans les milieux décisifs du monde du travail, là où les salariés peuvent peser
sur la situation politique bien plus efficacement par leurs luttes et leurs grèves qu'avec un bulletin
de vote.
En même temps, 65% c'est moins que lors de la dernière mobilisation pour la défense des retraites
qui tournait autour de 80%. Pour différentes raisons probablement, dont peut-être une certaine
acceptation mais aussi - et c'est cela qui compte pour nous et notre politique - parce que beaucoup
ont compris que les forces traditionnelles syndicales et politiques ne sont pas déterminées à mener
une lutte réelle. Ainsi le succès probable du PS dans les élections traduit la volonté de sanctionner
Sarkozy et de se protéger de sa politique, notamment sur les retraites, mais sans guère d'illusion, ce
dont l'abstention donne aussi la mesure. Les déclarations de Martine Aubry acceptant le report de
l'âge de départ à 61 ou 62 ans avaient déclenché il y a peu un véritable tollé populaire. A la hauteur
des attentes, des doutes et des craintes...
Mettre l’actualité des luttes sociales au centre de notre campagne
Il nous faut être présents aux côtés de ceux de Total Dunkerque le 8 mars, des enseignants le 12
mars et pour la défense des retraites le 23 mars et ensuite. En définitive, partout, il nous faut une
politique qui donne de l'efficacité aux gestes militants mais dispersés de chacun d'entre nous, de
l'efficacité dans le contexte d'éparpillement des luttes actuelles. Ces derniers jours de campagne
nous en donnent l'occasion comme elles nous permettent de donner une signification plus générale
et plus politique à ces mouvements en leur donnant une certaine centralité.
D'autant plus que ces dates de mobilisation à venir s'accompagnent de conflits qui continuent contre
les licenciements avec séquestrations de dirigeants, les charges de travail et plus encore de
nouvelles luttes pour les salaires à Danone, Sanofi, Ikéa, Rhodia... qui se placent dans un contexte
de crise qui rend la situation certes plus difficile pour les travailleurs mais qui peut aussi devenir
plus explosive rapidement. On ne peut en effet penser la situation française sans son contexte
européen, sans l'Etat Espagnol, le Portugal et surtout la Grèce où tout le monde comprend ici que la
violence des attaques sur les retraites ou la fonction publique est la préfiguration de ce qui nous
attend en France après les élections et regarde avec attention les mobilisations importantes que cela
provoque.
Nous devons donc mettre au centre de notre politique la nécessité de faire converger les luttes et la
préparation d’un affrontement avec la politique du gouvernement.
Nous avons à juste titre pris l'initiative et placé le 23 et sa suite comme échéance décisive de la
période à venir. Le refus du PS de participer à la réunion unitaire que nous avons convoqué montre
bien quel est le fond de leur politique, quelle leur réelle volonté de lutte contre ce contre-projet.
La meilleure illustration de la capitulation des forces de gauche est leur capitulation sur les
revendications. Les revendications syndicales pour le 23 mars ne portent... que sur le calendrier de
l'acceptation. Elles ne veulent que sauver la face... Un petit tour et puis s'en vont.
L’appel que nous avons bâti autour de nous (signé par le PG, AL, les Alternatifs, la FASE, le
PCOF) montre bien l’état de la gauche, l’état de son renoncement et la difficile tâche qui est devant
nous. Ce texte ne mentionne pas les 37,5 ans, il sous-tend de fait les 41 ans et pourquoi pas plus
puisqu'il est silencieux là-dessus. Pour armer les travailleurs nous ne pourrons en rester à un tel
niveau de généralités : "
Le départ à 60 ans avec une retraite pleine". En effet, cela pourrait tout à
fait convenir au PS ou aux différentes directions syndicales. Ne pas parler des annuités, du mode de
calcul ni des cotisations est un langage qui ne permet pas de mener vers le chemin de la lutte pour la
défense des retraites. Voilà pourquoi, en voyant les signataires et le contenu, on peut légitimement
se poser la question de la pertinence d’un tel appel.
Nous ne devons pas accompagner les forces de gauche dans l'acceptation et le renoncement. Nous
devons accompagner les sentiments populaires et les forces qui ne sont pas résignées, qui sont
prêtes à se battre. S'adresser à leur base, la gagner, c'est crier notre indignation et nos revendications
parce que leur propre base est elle-même indignée et attend un programme revendicatif pour lequel
il vaille la peine de lutter et autour duquel elle peut se regrouper. Et pour cela nous défendons notre
programme : départ à 60 ans et 55 ans pour les travaux pénibles et 75% du salaire avec 37,5 ans de
cotisation, retour aux dix meilleures années et maintien des 6 mois pour la fonction publique, calcul
sur les prix et non les salaires et prise en compte des années d’études.
Et mieux encore. Des camarades soulignent à juste titre que ce programme lui-même n'est pas
suffisant. C'est cela que nous devons faire entendre. Car la retraite par point qui se prépare c'est un
changement de civilisation.
On ne peut pas poser la question des retraites sans se prononcer pour l'interdiction des
licenciements, l'augmentation des salaires à 300 euros avec mini à 1500 euros net, y compris pour la
retraite, la répartition des richesses, le rapport salaires/dividendes, les subventions aux banques et
plus généralement la société que nous laissons aux générations à venir, bref de la société que nous
voulons. Car c'est un désastre social qui s'annonce, c'est le retour à un monde qui abandonne les
retraités à la pauvreté, qui oblige les anciens à travailler jusqu'à la mort. Et tout ça pour payer les
milliards donnés aux banques, aux grands patrons, aux actionnaires ou aux traders.
La gauche institutionnelle ne prépare pas la suite du 23 mais même pas cette journée. Nous devons
le faire. Nous serons entendu. Et nous ne devons pas nous contenter d'espérer qu'une forte
mobilisation le 23 suffise à mener spontanément à une suite. Nous devons préparer cette suite dés
aujourd'hui.
Car il est évident que la partie la plus consciente de la population peut comprendre et que la grande
masse peut sentir, qu'aucune des forces institutionnelles classiques de la gauche, syndicales et
politiques, ne veut réellement préparer la lutte pour la défense des retraites.
C'est cette politique unitaire avec les classes populaires, par dessus leurs appareils traditionnels que
nous devons mettre en avant. C'est ainsi que nous ferons pression sur leur base. C'est ainsi que nous
gagnerons la sympathie de leurs sympathisants ou électeurs et contraindrons leurs directions à faire
des pas.
L’auto-organisation
On peut le constater aujourd’hui :
la plupart des luttes actuelles viennent d'une pression de la base et
les directions syndicales ne font qu'au mieux l'entériner tout en faisant tout ce qu'elles peuvent pour
la contenir.
C'est pourquoi, partout où nous sommes, les initiatives que nous prendrons peuvent avoir un effet
décisif pour que les mouvements se construisent : autour de Total, dans l’éducation, à la SNCF ou
l'appel au 23 de SUD semble avoir un certain écho, à la Poste, dans les hôpitaux, autour des grèves
locales contre les licenciements, des grèves et des débrayages contre les charges de travail et pour
les augmentations de salaire. Et bien sûr autour du 23 et des retraites, en constituant des comités
pour les retraites localement, autour de nos revendications.
Ce dernier point peut être mené sans attendre que les choses se débloquent au niveau national : au
contraire, la mise en place de comités locaux exercera une pression pour qu’un collectif national se
mette en place et pour que les positions et revendications qui en ressortent soient correctes. Pour
cela il nous faut dés maintenant affirmer la nécessité d'une suite, par exemple d'une deuxième
journée ou d'un couple de deux journées rapidement.
Nous pouvons appuyer nos prises de paroles dans les quartiers ou les usines, par ce que nous
écrirons sur nos pancartes et banderoles mais aussi par ce que nous disons dans la campagne
électorale.
L’unité pour l’action avec un contenu réellement mobilisateur
Il s’agit de prendre des initiatives pour construire et développer la mobilisation et d’exercer de ce
fait une pression sur les appareils. En particulier, dans l’éducation, une intersyndicale du second
degré (SNCL-FAEN, SUD-éducation, FO, SNEP, CGT Educ’action, SNES et SNALC) appelle au
12 mars et l'intersyndicale CFDT, CGT, FSU, Solidaires et UNSA appelle à la journée du 23 mars.
A nous de faire en sorte que les autres organisations, en particulier le SNUipp dans le premier
degré, se jettent dans la bataille actuelle.
Cette bataille se déroule au niveau local et au niveau national. Là où il n’y a pas d’appel, les
militants doivent se mettre en grève pour se positionner dès le départ à l’avant garde, à l’initiative
dans le mouvement. A la SNCF, la grève reconductible appelée par SUD à partir du 23 mars semble
remuer la CGT. A nous de tout faire pour donner confiance aux équipes combatives de renforcer
cette grève. Pour cela nous pouvons dés maintenant préparer un appel de syndicalistes, du NPA
pour commencer mais plus largement ensuite, pour le 23 mais aussi dès maintenant annoncer une
suite, un plan de mobilisation. Et un appel qui se construise autour de véritables revendications afin
que la colère populaire ne se perde pas dans une journée inutile car sans lendemain et sans contenu
mobilisateur.
Un enjeu politique
L’enjeu de ces mobilisations et en particulier de celle des retraites, est de constituer un rapport de
forces pour signifier que «
ce n’est pas à nous de payer leur crise ». Tout le monde le comprend.
Une dynamique sur les retraites ne peut qu'encourager la lutte contre les licenciements, pour les
services publics, les salaires... et pour la convergence et le tous ensemble.
Cette formule doit être le chapeau général de la mobilisation et centrer les mobilisations autour des
axes suivants : retrait de tous les projets sur les retraites; arrêt des licenciements et des suppressions
de postes ; arrêt des privatisations, des restructurations, et retrait de la loi mobilité ; retrait des
réformes de l’éducation ; 300 euros d’augmentation pour tous et 1500 euros nets pour vivre.
Bien sûr cela doit aussi s'accompagner du rejet du gouvernement, la nécessité d’ôter le pouvoir aux
actionnaires et combattre le capitalisme : « interdiction des licenciements », mais aussi
« nationalisation des banques sous contrôle des travailleurs et de la population»…. Sans oublier de
faire le lien avec la grève des sans-papiers.
Pas de fusions techniques ni de vote au second tour pour ceux qui ne s'engagent pas sur les
retraites
Du 14 au 21, on va nous demander, suivant nos résultats, si on propose la fusion technique et ce
qu'on va voter au deuxième tour. Notre campagne pour les retraites aura d'autant plus d'écho à ce
moment.
Jusqu'au 14, nous devons dire que le 14 prépare le 23 et surtout sa suite, que le nombre de
personnes dans la rue le 23 sera autrement plus déterminant que le nombre d'électeurs le 21. Que
oui, nous sommes pour afficher notre programme (60 ans, 37,5 annuités etc.), et que oui, nos
partenaires n'y sont pas favorables mais que nous nous battons pour les entraîner sur ce terrain. Nos
alliances sont dynamiques.
Mais faire du 14 une étape vers le 23 et la suite, c'est aussi exercer une pression sur le second tour.
Comment se faire le représentant des aspirations de la base populaire du PS, du PCF, du PG à lutter
pour les retraites en critiquant la politique de leurs responsables et dire en même temps qu'on
souhaite fusionner avec leurs listes aux régionales, et voter pour eux au deuxième tour sans
conditions ? Ce serait incompréhensible. Préparer le 23 et la suite dès aujourd'hui, ça consiste à dire
non aux fusions techniques qui sont évidemment un geste politique. On ne peut pas s’allier avec des
gens ou appeler pour eux le 21 alors qu’ils nous trahirons le 24.
Ils veulent nos voix ? Qu’ils viennent les chercher en s’engageant sur les retraites. Notre position
dépendra de leurs engagements. S’ils n’en prennent pas, et n’en doutons pas, ils n’en prendront pas,
comment s’associer à des partis pour dire deux jours plus tard qu’ils nous trompent ?
Dans ce cadre, le vote pour le NPA au premier tour serait utile parce qu’il épouserait une volonté
populaire large : la défense des retraites. Un vote significatif à l’extrême gauche sera important pour
contribuer à redonner le moral à une partie des milieux populaires et à toutes celles et tous ceux qui
voient dans la journée du 23 et bien au-delà le début d’un affrontement décisif face au
gouvernement et au patronat. Plus il y aura de voix pour le NPA le 14 mars, plus ceux qui veulent
défendre les retraites pourront peser sur les partis de gauche et leur engagement dans la lutte pour
les retraites.
Alex (CPN,76), Armelle (CPN, 92N), Caroline (CE, 92N), Gaël (CPN, 92N), Jacques (CE, 68),
Jean-François (CPN, 93), Mathilde (CE, 92N), Virginie (CPN, 75)