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21 mars 2010 7 21 /03 /mars /2010 13:26

PREPARONS LA LUTTE POUR LES RETRAITES ET LA SUITE

DES AUJOURD'HUI

La situation sociale et politique est en train de se tendre à nouveau. Les élections régionales ne

passionnent guère, mais en même temps de nouvelles mobilisations ont commencé à voir le jour, en

particulier dans l’éducation, à Total, et bien sûr autour de la question des retraites. Chacun sent bien

que ces affrontements peuvent avoir un effet d’entrainement pour la population qui n’en peut plus

de supporter les frais de la crise. Mais cela dépend en grande partie de l’orientation qui sera

donnée : aller vers le renforcement et la convergence des luttes, donner des signes tangibles qui

contribuent à renforcer la confiance que peuvent avoir les travailleurs dans leur capacité à changer

les choses par eux-mêmes ; ou au contraire jouer l’éparpillement et la résignation par avance, en

essayant de négocier le moindre mal.

Face aux partis de la gauche institutionnelles et à leurs fausses promesses sur les régions censées

nous protéger des conséquences de la crise et des mauvais coups de la droite et du patronat, face

aux directions syndicales qui pour la plupart préparent déjà leurs capitulations en rase campagne, un

parti comme le nôtre, aussi petit soit-il, a une responsabilité : celle de profiter des derniers jours de

la campagne pour populariser un plan d’action afin de préparer sans attendre les prochaines

échéances dans les luttes.

Notre propos n’est donc pas de revenir sur ce qui a été fait au niveau de la politique électorale du

NPA, le bilan sera fait en temps utile. Il est de souligner à quel point il y a un enjeu immédiat à

donner une perspective claire à notre campagne dans les derniers jours qui restent, en mettant

l’accent sur les objectifs et les revendications susceptibles de mobiliser réellement les classes

populaires et le monde du travail dans les prochaines luttes.

Se saisir des élections pour construire le 23 mars et ses suites

Nous avons voté une motion au dernier CPN ou nous affirmions que "

la question des retraites va

être la question sociale et politique centrale de cette année"... "L'urgence est donc de mobiliser le

plus largement possible contre cette nouvelle contre-réforme"..."C'est une véritable épreuve de

force qu'il faut préparer, un mouvement d'ensemble, une mobilisation générale".

Il apparaît en effet de plus en plus clairement qu'au mois de mars la date déterminante pour de

larges couches de la population ne sera ni le 14 ni le 21 mais bien le 23, et, plus, le 24 et la suite. Ou

plus exactement que le vote des 14 et 21 va être lié aux préoccupations définies par le 23 et après.

Si 50% des électeurs ne pensent pas se déplacer pour les élections régionales, et bien plus dans les

milieux populaires, c'est 65% de la population qui se déclare prêt à agir pour la défense des

retraites. Et bien plus dans les milieux décisifs du monde du travail, là où les salariés peuvent peser

sur la situation politique bien plus efficacement par leurs luttes et leurs grèves qu'avec un bulletin

de vote.

En même temps, 65% c'est moins que lors de la dernière mobilisation pour la défense des retraites

qui tournait autour de 80%. Pour différentes raisons probablement, dont peut-être une certaine

acceptation mais aussi - et c'est cela qui compte pour nous et notre politique - parce que beaucoup

ont compris que les forces traditionnelles syndicales et politiques ne sont pas déterminées à mener

une lutte réelle. Ainsi le succès probable du PS dans les élections traduit la volonté de sanctionner

Sarkozy et de se protéger de sa politique, notamment sur les retraites, mais sans guère d'illusion, ce

dont l'abstention donne aussi la mesure. Les déclarations de Martine Aubry acceptant le report de

l'âge de départ à 61 ou 62 ans avaient déclenché il y a peu un véritable tollé populaire. A la hauteur

des attentes, des doutes et des craintes...

Mettre l’actualité des luttes sociales au centre de notre campagne

Il nous faut être présents aux côtés de ceux de Total Dunkerque le 8 mars, des enseignants le 12

mars et pour la défense des retraites le 23 mars et ensuite. En définitive, partout, il nous faut une

politique qui donne de l'efficacité aux gestes militants mais dispersés de chacun d'entre nous, de

l'efficacité dans le contexte d'éparpillement des luttes actuelles. Ces derniers jours de campagne

nous en donnent l'occasion comme elles nous permettent de donner une signification plus générale

et plus politique à ces mouvements en leur donnant une certaine centralité.

D'autant plus que ces dates de mobilisation à venir s'accompagnent de conflits qui continuent contre

les licenciements avec séquestrations de dirigeants, les charges de travail et plus encore de

nouvelles luttes pour les salaires à Danone, Sanofi, Ikéa, Rhodia... qui se placent dans un contexte

de crise qui rend la situation certes plus difficile pour les travailleurs mais qui peut aussi devenir

plus explosive rapidement. On ne peut en effet penser la situation française sans son contexte

européen, sans l'Etat Espagnol, le Portugal et surtout la Grèce où tout le monde comprend ici que la

violence des attaques sur les retraites ou la fonction publique est la préfiguration de ce qui nous

attend en France après les élections et regarde avec attention les mobilisations importantes que cela

provoque.

Nous devons donc mettre au centre de notre politique la nécessité de faire converger les luttes et la

préparation d’un affrontement avec la politique du gouvernement.

Nous avons à juste titre pris l'initiative et placé le 23 et sa suite comme échéance décisive de la

période à venir. Le refus du PS de participer à la réunion unitaire que nous avons convoqué montre

bien quel est le fond de leur politique, quelle leur réelle volonté de lutte contre ce contre-projet.

La meilleure illustration de la capitulation des forces de gauche est leur capitulation sur les

revendications. Les revendications syndicales pour le 23 mars ne portent... que sur le calendrier de

l'acceptation. Elles ne veulent que sauver la face... Un petit tour et puis s'en vont.

L’appel que nous avons bâti autour de nous (signé par le PG, AL, les Alternatifs, la FASE, le

PCOF) montre bien l’état de la gauche, l’état de son renoncement et la difficile tâche qui est devant

nous. Ce texte ne mentionne pas les 37,5 ans, il sous-tend de fait les 41 ans et pourquoi pas plus

puisqu'il est silencieux là-dessus. Pour armer les travailleurs nous ne pourrons en rester à un tel

niveau de généralités : "

Le départ à 60 ans avec une retraite pleine". En effet, cela pourrait tout à

fait convenir au PS ou aux différentes directions syndicales. Ne pas parler des annuités, du mode de

calcul ni des cotisations est un langage qui ne permet pas de mener vers le chemin de la lutte pour la

défense des retraites. Voilà pourquoi, en voyant les signataires et le contenu, on peut légitimement

se poser la question de la pertinence d’un tel appel.

Nous ne devons pas accompagner les forces de gauche dans l'acceptation et le renoncement. Nous

devons accompagner les sentiments populaires et les forces qui ne sont pas résignées, qui sont

prêtes à se battre. S'adresser à leur base, la gagner, c'est crier notre indignation et nos revendications

parce que leur propre base est elle-même indignée et attend un programme revendicatif pour lequel

il vaille la peine de lutter et autour duquel elle peut se regrouper. Et pour cela nous défendons notre

programme : départ à 60 ans et 55 ans pour les travaux pénibles et 75% du salaire avec 37,5 ans de

cotisation, retour aux dix meilleures années et maintien des 6 mois pour la fonction publique, calcul

sur les prix et non les salaires et prise en compte des années d’études.

Et mieux encore. Des camarades soulignent à juste titre que ce programme lui-même n'est pas

suffisant. C'est cela que nous devons faire entendre. Car la retraite par point qui se prépare c'est un

changement de civilisation.

On ne peut pas poser la question des retraites sans se prononcer pour l'interdiction des

licenciements, l'augmentation des salaires à 300 euros avec mini à 1500 euros net, y compris pour la

retraite, la répartition des richesses, le rapport salaires/dividendes, les subventions aux banques et

plus généralement la société que nous laissons aux générations à venir, bref de la société que nous

voulons. Car c'est un désastre social qui s'annonce, c'est le retour à un monde qui abandonne les

retraités à la pauvreté, qui oblige les anciens à travailler jusqu'à la mort. Et tout ça pour payer les

milliards donnés aux banques, aux grands patrons, aux actionnaires ou aux traders.

La gauche institutionnelle ne prépare pas la suite du 23 mais même pas cette journée. Nous devons

le faire. Nous serons entendu. Et nous ne devons pas nous contenter d'espérer qu'une forte

mobilisation le 23 suffise à mener spontanément à une suite. Nous devons préparer cette suite dés

aujourd'hui.

Car il est évident que la partie la plus consciente de la population peut comprendre et que la grande

masse peut sentir, qu'aucune des forces institutionnelles classiques de la gauche, syndicales et

politiques, ne veut réellement préparer la lutte pour la défense des retraites.

C'est cette politique unitaire avec les classes populaires, par dessus leurs appareils traditionnels que

nous devons mettre en avant. C'est ainsi que nous ferons pression sur leur base. C'est ainsi que nous

gagnerons la sympathie de leurs sympathisants ou électeurs et contraindrons leurs directions à faire

des pas.

L’auto-organisation

On peut le constater aujourd’hui :

la plupart des luttes actuelles viennent d'une pression de la base et

les directions syndicales ne font qu'au mieux l'entériner tout en faisant tout ce qu'elles peuvent pour

la contenir.

C'est pourquoi, partout où nous sommes, les initiatives que nous prendrons peuvent avoir un effet

décisif pour que les mouvements se construisent : autour de Total, dans l’éducation, à la SNCF ou

l'appel au 23 de SUD semble avoir un certain écho, à la Poste, dans les hôpitaux, autour des grèves

locales contre les licenciements, des grèves et des débrayages contre les charges de travail et pour

les augmentations de salaire. Et bien sûr autour du 23 et des retraites, en constituant des comités

pour les retraites localement, autour de nos revendications.

Ce dernier point peut être mené sans attendre que les choses se débloquent au niveau national : au

contraire, la mise en place de comités locaux exercera une pression pour qu’un collectif national se

mette en place et pour que les positions et revendications qui en ressortent soient correctes. Pour

cela il nous faut dés maintenant affirmer la nécessité d'une suite, par exemple d'une deuxième

journée ou d'un couple de deux journées rapidement.

Nous pouvons appuyer nos prises de paroles dans les quartiers ou les usines, par ce que nous

écrirons sur nos pancartes et banderoles mais aussi par ce que nous disons dans la campagne

électorale.

L’unité pour l’action avec un contenu réellement mobilisateur

Il s’agit de prendre des initiatives pour construire et développer la mobilisation et d’exercer de ce

fait une pression sur les appareils. En particulier, dans l’éducation, une intersyndicale du second

degré (SNCL-FAEN, SUD-éducation, FO, SNEP, CGT Educ’action, SNES et SNALC) appelle au

12 mars et l'intersyndicale CFDT, CGT, FSU, Solidaires et UNSA appelle à la journée du 23 mars.

A nous de faire en sorte que les autres organisations, en particulier le SNUipp dans le premier

degré, se jettent dans la bataille actuelle.

Cette bataille se déroule au niveau local et au niveau national. Là où il n’y a pas d’appel, les

militants doivent se mettre en grève pour se positionner dès le départ à l’avant garde, à l’initiative

dans le mouvement. A la SNCF, la grève reconductible appelée par SUD à partir du 23 mars semble

remuer la CGT. A nous de tout faire pour donner confiance aux équipes combatives de renforcer

cette grève. Pour cela nous pouvons dés maintenant préparer un appel de syndicalistes, du NPA

pour commencer mais plus largement ensuite, pour le 23 mais aussi dès maintenant annoncer une

suite, un plan de mobilisation. Et un appel qui se construise autour de véritables revendications afin

que la colère populaire ne se perde pas dans une journée inutile car sans lendemain et sans contenu

mobilisateur.

Un enjeu politique

L’enjeu de ces mobilisations et en particulier de celle des retraites, est de constituer un rapport de

forces pour signifier que «

ce n’est pas à nous de payer leur crise ». Tout le monde le comprend.

Une dynamique sur les retraites ne peut qu'encourager la lutte contre les licenciements, pour les

services publics, les salaires... et pour la convergence et le tous ensemble.

Cette formule doit être le chapeau général de la mobilisation et centrer les mobilisations autour des

axes suivants : retrait de tous les projets sur les retraites; arrêt des licenciements et des suppressions

de postes ; arrêt des privatisations, des restructurations, et retrait de la loi mobilité ; retrait des

réformes de l’éducation ; 300 euros d’augmentation pour tous et 1500 euros nets pour vivre.

Bien sûr cela doit aussi s'accompagner du rejet du gouvernement, la nécessité d’ôter le pouvoir aux

actionnaires et combattre le capitalisme : « interdiction des licenciements », mais aussi

« nationalisation des banques sous contrôle des travailleurs et de la population»…. Sans oublier de

faire le lien avec la grève des sans-papiers.

Pas de fusions techniques ni de vote au second tour pour ceux qui ne s'engagent pas sur les

retraites

Du 14 au 21, on va nous demander, suivant nos résultats, si on propose la fusion technique et ce

qu'on va voter au deuxième tour. Notre campagne pour les retraites aura d'autant plus d'écho à ce

moment.

Jusqu'au 14, nous devons dire que le 14 prépare le 23 et surtout sa suite, que le nombre de

personnes dans la rue le 23 sera autrement plus déterminant que le nombre d'électeurs le 21. Que

oui, nous sommes pour afficher notre programme (60 ans, 37,5 annuités etc.), et que oui, nos

partenaires n'y sont pas favorables mais que nous nous battons pour les entraîner sur ce terrain. Nos

alliances sont dynamiques.

Mais faire du 14 une étape vers le 23 et la suite, c'est aussi exercer une pression sur le second tour.

Comment se faire le représentant des aspirations de la base populaire du PS, du PCF, du PG à lutter

pour les retraites en critiquant la politique de leurs responsables et dire en même temps qu'on

souhaite fusionner avec leurs listes aux régionales, et voter pour eux au deuxième tour sans

conditions ? Ce serait incompréhensible. Préparer le 23 et la suite dès aujourd'hui, ça consiste à dire

non aux fusions techniques qui sont évidemment un geste politique. On ne peut pas s’allier avec des

gens ou appeler pour eux le 21 alors qu’ils nous trahirons le 24.

Ils veulent nos voix ? Qu’ils viennent les chercher en s’engageant sur les retraites. Notre position

dépendra de leurs engagements. S’ils n’en prennent pas, et n’en doutons pas, ils n’en prendront pas,

comment s’associer à des partis pour dire deux jours plus tard qu’ils nous trompent ?

Dans ce cadre, le vote pour le NPA au premier tour serait utile parce qu’il épouserait une volonté

populaire large : la défense des retraites. Un vote significatif à l’extrême gauche sera important pour

contribuer à redonner le moral à une partie des milieux populaires et à toutes celles et tous ceux qui

voient dans la journée du 23 et bien au-delà le début d’un affrontement décisif face au

gouvernement et au patronat. Plus il y aura de voix pour le NPA le 14 mars, plus ceux qui veulent

défendre les retraites pourront peser sur les partis de gauche et leur engagement dans la lutte pour

les retraites.

Alex (CPN,76), Armelle (CPN, 92N), Caroline (CE, 92N), Gaël (CPN, 92N), Jacques (CE, 68),

Jean-François (CPN, 93), Mathilde (CE, 92N), Virginie (CPN, 75)

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